PER et rachat partiel : faut-il récupérer son argent avant la retraite ?

Pour sécuriser financièrement vos vieux jours, vous avez la liberté de souscrire à un placement complémentaire dissocié des aléas du système par répartition : le Plan d’épargne retraite PER. Si l’épargne est verrouillée jusqu’au moment de quitter la vie active, un rachat partiel est autorisé dans certains cas dérogatoires. Mais cette possibilité, bien que séduisante sur le papier, mérite une analyse fine : récupérer son argent avant la retraite est-il vraiment pertinent ? Il s’agit en effet d’une arme à double tranchant, qui peut à la fois servir un besoin ponctuel ou compromettre l’objectif de long terme. 

 

Le PER : avant tout un placement pour la retraite

Le PER est tout d’abord un outil d’épargne à long terme, suivant un objectif clair : compléter les revenus à la retraite. En contrepartie de l’avantage fiscal à l’entrée qui se traduit par la déduction des versements volontaires de l’assiette de l’impôt sur le revenu, les sommes sont en principe bloquées jusqu’à l’âge du départ à la retraite. Plus de détails sur per. fr.

 

Les 6 cas de déblocage anticipé

La loi autorise cependant le déblocage anticipé du PER suivant les 6 cas ci-après : 

  • invalidité du titulaire, de son conjoint ou de son enfant
  • décès du conjoint ou du partenaire PACS
  • expiration des droits au chômage
  • surendettement
  • cessation d’activité non salariée qui résulte d’une liquidation judiciaire
  • acquisition de la résidence principale

 

Rachat partiel : quelles implications fiscales et sociales ?

Le principal écueil d’un rachat partiel tient à la fiscalité applicable selon l’origine des fonds :

  • Pour les versements déductibles, les sommes récupérées sont imposables à l’impôt sur le revenu, en tant que pension, et les gains subissent les prélèvements sociaux de 17,2 %.
  • Pour les versements non déductibles, seuls les gains sont fiscalisés, au PFU (30 %) ou barème + 17,2 %, selon l’option choisie.

Il est donc essentiel de reconstituer l’historique de l’épargne afin de bien évaluer le coût réel du rachat. Un retrait partiel peut engendrer une fiscalité punitive, notamment pour les contribuables fortement imposés. En revanche, pour ceux en baisse temporaire de revenus ou dans une tranche faible, cela peut s’avérer fiscalement neutre ou intéressant.

 

Des risques à scruter

Attention, car récupérer son épargne trop tôt, c’est réduire son capital disponible à la retraite, là où les besoins sont sous-estimés. C’est aussi sortir au mauvais moment, en cas de marchés baissiers, et cristalliser des pertes potentielles. La sortie avant terme expose également à la perte de l'effet cumulé de la capitalisation à long terme, l’un des leviers les plus puissants du PER.

Un retrait anticipé peut donc compromettre la logique même de l’outil retraite, surtout en cas de gestion pilotée ou à horizon, suivant lequel les profils sont calibrés sur la durée.

 

Rachat partiel : dans quels cas cela peut avoir du sens ?

Ci-après quelques scénarios où un rachat partiel peut s’envisager avec pertinence :

  • concrétiser un projet immobilier prioritaire, dans une logique patrimoniale via l’achat de la résidence principale. Attention, si le retrait anticipé est motivé par le financement de la résidence principale, un crédit peut se révéler plus efficace. 
  • redresser une situation personnelle dégradée, nécessitant une injection de liquidités à court terme.
  • réaliser un arbitrage fiscal réfléchi, par exemple pour lisser les revenus d’une année à l’autre, éviter une tranche marginale élevée ou anticiper une imposition future.

Dans tous les cas, une analyse patrimoniale globale est requise, intégrant fiscalité, horizon de placement, tolérance au risque et besoins futurs.

 

Pour conclure, la prudence est de mise avant de recourir au rachat partiel. Il est impératif de quantifier le coût fiscal, de modéliser l’impact à la retraite et de vérifier les alternatives disponibles. Le PER n’est pas un compte courant : l’épargne qu’il abrite est précieuse, car dédiée à l’un des plus grands défis financiers de la vie.